Cop26 : quand la jeunesse africaine arrive en sueur à Glasgow !

Article : Cop26 : quand la jeunesse africaine arrive en sueur à Glasgow !
Crédit: Paul Wamala Ssegujja / Wikimedia Commons
3 novembre 2021

Cop26 : quand la jeunesse africaine arrive en sueur à Glasgow !

Invisibilisation médiatique, moyens financiers limités, difficultés d’accès au vaccin, absence de soutien de leurs États, plusieurs raisons limitent la participation effective de la jeunesse africaine à la Cop26. Pourtant, c’est la jeunesse la plus exposée aux effets du réchauffement climatique.

Vannessa Nakate, jeune activiste ougandaise pour le climat.
Vanessa Nakate, jeune activiste ougandaise. Crédit : Paul Wamala Ssegujja / Wikimedia Commons.

Les négociations climatiques ont débuté à Glasgow dans le cadre de la Cop26. En marge de cet évènement important pour le débat écologique mondial et l’action climatique, les appels à l’aide se sont multipliés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Ces appels viennent du continent qui paie le plus lourd tribut au réchauffement planétaire. Des activistes africains, détenteurs du badge de la Cop26 mais qui n’ont ni les moyens financiers ni les moyens logistiques pour se rendre en Ecosse ont en effet dû compter sur la solidarité et l’empathie de quelques personnes sur la toile pour s’y rendre. Le rêve qu’ils poursuivent : porter  la voix du continent qui émet le moins de CO2, mais subit le plus les conséquences du réchauffement climatique. 

Une jeunesse exposée mais peu entendue

La jeunesse africaine est lourdement exposée aux effets du réchauffement mais a du mal à trouver de l’espace pour s’exprimer.

Alors que le rapport sur l’état et les tendances de l’adaptation publié le mois dernier estime le coût de l’adaptation aux effets du changement climatique à 331 milliards de dollars d’ici 2030 pour l’Afrique, sa jeunesse se mobilise pour réclamer plus d’actions de la part des pollueurs, avec une voix certes légitime mais inaudible. Ce qu’elle essaie de dire, c’est que le coût de l’adaptation est beaucoup trop élevé pour l’Afrique. Avec moins de 4 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre, c’est le continent qui pollue le moins. Face à cet état de fait, le mot d’ordre des experts a toujours été celui de l’adaptation. Les Etats africains devraient s’adapter aux conséquences de la pollution atmosphérique engendrée majoritairement par l’Amérique, l’Europe et l’Asie.

Cette posture est de plus en plus controversée, car en plus de devoir s’adapter, certaines recommandations tendent à suggérer à l’Afrique déjà en retard, de renoncer à un développement industriel. En effet, si l’Afrique amorce un développement industriel à l’occidental, la multiplication des événements extrêmes sera sans précédent et précipitera la planète dans l’abîme. Il faut donc des négociations et surtout des contreparties sincères pour trouver le modus vivendi.

Mais voilà que sur la route des négociations, la jeunesse la plus exposée aux effets du changement climatique ne trouve pas les moyens pour se rendre à la COP. C’est après un véritable parcours du combattant que certains y arrivent, tout en sueur !

Cette situation ouvre le champ à d’autres sujets importants et tout aussi légitimes comme la justice climatique.

Greta OUI, mais pas vous !

Pendant que l’adolescente suédoise multiplie les bains de foule, les selfies et interviews, l’actualité d’autres activistes non moins importants comme Vanessa Nakate, révèle des incohérences qui donnent raison aux détracteurs de ce sommet.

Vanessa Nakate, c’est l’activiste qui porte aujourd’hui la voix de la jeunesse écologique africaine lors des grandes rencontres climatiques. C’est la jeune fille qui a été rognée d’une photo d’ensemble devenue virale, prise à Davos.

Elle n’a pas tardé à réagir en publiant une vidéo qui va faire le tour du monde sur twitter.

Dans cette vidéo, elle décrie l’invisibilisation des activistes de couleur dans les revendications écologiques portées par la jeunesse. Nous étions en Janvier 2020. Mais cette année encore, une scène analogue semble se reproduire à la Cop26. 

En janvier 2020, un scandale médiatique éclate suite au sommet de Davos, après le retrait de Vanessa Nakate d’une photo d’ensemble où figure Greta Thunberg et d’autres activistes. La jeune activiste Ougandaise a été tout simplement invisibilisée sur la première photo officielle qui semble t-il a été rognée avant d’être diffusée par l’agence américaine AP(Associated Press).

À travers Vanessa, c’est toute la jeunesse africaine qui se trouve souvent disqualifiée d’une manière ou d’une autre dans le débat et sur la scène écologique mondiale.

Les appels à l’aide pré-cop26 identifiés çà et là en donnent une couleur d’exclusion de certaines voix au profit d’autres plus légitimes : « Greta oui, mais pas vous » ! Cette hiérarchisation des voix est fondamentalement contraire aux valeurs écologiques. C’est en hiérarchisant ainsi et irrégulièrement les espèces animales et végétales au gré d’intérêts personnels que beaucoup sont aujourd’hui en voie de disparition. Décidément, nous n’avons encore rien compris !

Le continent le plus touché par les effets du changement climatique quémande des places à la table des négociations climatiques : quelle incohérence ! Beaucoup parlent d’hypocrisie climatique, d’autres d’exclusion. Une sorte de lutte des classes dans la lutte écologique ? Faut-il être bien foutu et plein aux as pour exprimer son avis sur la dégradation de notre environnement ? Qui aujourd’hui est mieux placé que la jeunesse africaine pour parler des conséquences du réchauffement climatique ?


Finalement, moins d’une semaine après le début de la Cop26, nous pouvons déjà conclure. Quand on voit des dirigeants, comme Jo Biden, qui s’endorment pendant les discussions, le commerce insupportable à Glasgow autour de l’événement, les discours creux au goût de réchauffé dont celui du président français venu en Jet privé comme ses homologues de l’Allemagne et du Japon, le discours de Jeff Bezos lui aussi venu en jet privé, la course aux selfies avec Greta, les difficultés rencontrées par les activistes africains, il y a beaucoup à dire et il y a tout pour se faire sa petite idée de ce qui en ressortira.
Lire aussi : COP28 à Dubaï, une jeunesse africaine méfiante

Cette Cop26 qui a pourtant vocation à unir le monde pour lutter contre les changements climatiques déçoit déjà. Censée rassembler le maximum d’espoirs derrière des engagements forts et des prises d’initiatives concrètes des dirigeants, elle nous montre dès son entame qu’on n’a pas besoin d’attendre la suite des évènements pour baisser nos attentes.

Lire aussi : Les sujets brûlants de la jeunesse africaine à la COP27 en Égypte

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Commentaires

Jean-Claude
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Belle analyse.

Yves-Landry Kouamé
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Merci Jean-Claude 💛

Françoise Ramel
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Merci pour ce billet, juste et bien écrit En prime le titre est top et la photo à la Une très bien choisie.
Je vous invite à découvrir ma contribution “sans sueur” : “Haiti : pour le Climat, Zéro blabla”, interview de Ritzamarum Zetrenne, jeune militant écologiste, mondoblogueur et chroniqueur à RFI.
J’aurais du lire votre billet avant ! Cela m’aurait sans doute inspiré une autre énergie, un autre style de billet. C’est la toute la richesse de Mondoblog.
Diversité, coopération, émulation, liberté de ton et d’expression, passion !

Yves-Landry Kouamé
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Merci pour ton commentaire Françoise. Belle contribution ! Ça fait plaisir 💛

THÉOPHILE
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Bonjour
Je vous remercie pour cet article.
Ma petite contribution . Une diffusion aux membres du réseau Linkedin Marie Line Théophile Ex Conseillère Municipale Pantin France Hexagonale

Yves-Landry Kouamé
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Merci pour le partage Marie Line ! Le monde dont nous rêvons se nourrit justement de partages💛

Richard
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Merci pour votre écrit ! Réaliste ! Courage à Vanessa dans sa démarche

Yves-Landry Kouamé
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Merci Richard ! Ça fait plaisir.
Courage à tous ces jeunes qui s’engagent comme Vanessa mais qu’on entend moins💛